Historique Création du Théatre des Parenthèses en 1969Prix d’Excellence à tous les Tournois Provinciaux de Cercles Dramatiques d’expression française organisés par la Commission de la Culture et des Beaux-Arts du Brabant, chaque année de 1978 à 1991Mise en scène de Marcel Thiry de 1969 à 2018Depuis 2018, Daniel Alexander, Sam van de Kerckhof et Vinciane Defays ont successivement assuré les mises en scèneEn 2019, S.M. le Roi accorde le titre de « Théâtre Royal des Parenthèses » à la compagnie, devenue entretemps une asblDepuis 2021, le Théâtre Royal des Parenthèses se produit annuellement à l’AGORA de Kraainem dans la salle de 180 places en gradins qui porte désormais le nom de Marcel ThiryChaque année paire, le Théâtre Royal des Parenthèses se produit à Saint-Trojan d’Oléron (France) dans le cadre du jumelage avec Kraainem Notre histoire… et sans doute parfois la vôtre aussi ! Années 1970 En 1969, l’administration communale de Kraainem transforma l’école libre Mater-Amabilis des Sorbiers en école communale francophone suite à la demande de treize parents francophones comme l’exigeait la loi en vigueur à l’époque. Cette petite école, ne possédait pas de salle de gymnastique et encore moins de salle de fêtes. Pourtant comme partout ailleurs, le nerf de la guerre c’était l’argent. C’est Madame Francine Storme qui lança l’idée de créer une troupe de théâtre afin de récolter les fonds nécessaires à l’amélioration de la qualité de l’enseignement prodigué à l’école des Sorbiers.Madame Storme, femme d’action, rassembla autour d’elle quelques parents qui acceptèrent de relever le défi. Sous la direction de Marcel Thiry, promu metteur en scène, le Théâtre des Parenthèses était né !!!La première pièce se joua à l’école néerlandophone de Kraainem qui nous loua sa salle de gymnastique. Mais bien vite, l’énorme succès poussa la troupe à émigrer vers la salle paroissiale PAT (Kraainem), où elle eut la joie et le plaisir de jouer pendant 43 années.Dans les années septante, malgré la libéralisation des mœurs et des idées, il n’était pas facile de choisir une pièce qui soit à la fois gaie et amusante, c’est pourquoi quelques pièces furent « adaptées » avant d’être proposées aux parents et aux anciens de l’école.Pierre Besonhé , Léa Coolens, Paula Carette, Jean-Paul Duriau , André Gérard, Colette Lefebvre, Francine Storme, Monique Guerdon, Joseph Lefebvre, Gaston Maggetto, André Rogister, Pierre Carette, Philippe van Bastelaer, Pierre Dutrieux, Ginette van Bastelaer, Luc Temmerman, Pol Willemart, Paul Gervais, Véronique Zeegers et Marielle Thiry furent ces hardis pionniers qui démarrèrent voici près de cinquante ans, une histoire merveilleuse. Déjà, nous formions une « grande famille ».Mais il y a un nom que nous n’oublierons jamais : Jean Meurisse. Il fut notre souffleur et régisseur de plateau pendant quelques décennies. Cet ingénieur astucieux et tellement soucieux du bien-être des acteurs s’assurait de tous les petits détails, les sonnettes, les effets spéciaux, les constructions bizarres, le thé fumant dans les tasses, les brioches réellement servies tièdes sur scène parce que le texte l’imposait !C’est à Jean, un homme d’une gentillesse extraordinaire et qui nous a quitté bien trop tôt que nous devions ces ingénieux décors. Marcel et Jean formaient un duo incomparable.Cette première décennie fut celle de « La Manière forte », « La Perruche et le Poulet », « La Mare aux Canards », « Les Entrecôtes ont des Oreilles », « J’y Suis, j’y Reste », « Cherchez le corps Mr.Blake », « Pique-nique en ville », « A la Monnaie du Pape », « Treize à table » et « De Doux Dingues » … Les grands succès du Vaudeville parisien à Kraainem.Tous étaient de purs amateurs, nos actrices et acteurs, sous la houlette de leur metteur en scène, Marcel Thiry, se révélèrent plein de talent. Ils obtinrent ainsi en trois ans, le Prix d’excellence avec « Félicitations du jury » par la Commission de la Culture et des Beaux-arts de la province de Brabant… Statut qu’ils garderont jusqu’à la scission de la province dans les années nonante. Années 1980 Dans les années quatre-vingts, on assista lentement mais sûrement à un remaniement des cadres au sein de notre compagnie. Les pionniers, atteints par la limite d’âge ou contraints de déménager pour raisons professionnelles quittèrent petit à petit notre groupe. Des décès endeuillèrent également notre troupe. Ils furent remplacés par une kyrielle de jeunes emmenés par Jean-Paul Remacle qui continuèrent avec enthousiasme la grande aventure commencée dix ans plus tôt.Ainsi , Massimo Lardi, Bernard Reding, Pierre Willemart , Patrick Thiry, Eric Lefebvre, Vinciane Defays et Sam van de Kerckhof sans oublier la pétillante Muriel Migliavacca et la non moins pétillante Paule Van den Broecke intégrèrent cette joyeuse bande.Petit à petit, les difficultés économiques exigèrent leur tribut, on vit moins de parents dans la troupe, les jeunes mamans de l’époque travaillaient aux côtés de leurs époux et donc, avaient moins de temps libre pour étudier les différents rôles proposés.Deux acteurs émergèrent au cours de cette décennie, Jacques Van den Broecke et Daniel Alexander. Leur complicité sur scène était telle qu’ils devinrent très vite incontournables aux yeux de leur metteur en scène, le toujours exigeant Marcel Thiry.De plus, ce fin connaisseur qu’était Marcel Thiry, avait réussi à dénicher deux dames, Betty Couturiaux et Chris Maggetto, capables de rivaliser brillamment avec les deux compères précités.Ces quatre « monstres sacrés » des Parenthèses allaient offrir au public kraainemois quelques-unes des plus belles pages de l’histoire théâtrale de la commune.Au cours des fêtes de septembre ils eurent même l’occasion de jouer avec Stéphane Steeman en personne. « Mr.Beverley », « La Brune que voilà », « La Claque », « Caroline a disparu », « Bossemans & Coppenolle », « Oscar », « Le Canard à l’Orange », « L’école des Contribuables », « Le Noir te va si bien » et « La Bonne Planque » contribuèrent à répandre la bonne humeur à Kraainem durant les années quatre-vingts. Et pas seulement à Kraainem, car l’infatigable Marcel Thiry fut en tant que Président du Conseil Culturel Francophone de Kraainem, une des chevilles ouvrières du jumelage de Kraainem avec la commune de Saint-Trojan les Bains de l’île d’Oléron.Vous l’aurez compris, dès 1983, la troupe du Théâtre des Parenthèses allait s’expatrier tous les deux ans, l’espace d’un weekend pour aller jouer en France, ce que nous continuons à appeler non sans dérision, notre tournée internationale. « La Bonne Planque », « Le Canard à l’Orange » et « L’école des Contribuables » étrennèrent cette plaisante habitude… Années 1990 Jean-Paul De Smet, Roseline Torreele, Marc Simons et Babette Thiry vinrent compléter notre troupe.La scission du Brabant nous priva de quelques subsides, le ministre Louis Tobback considérant comme aberrant qu’une troupe francophone dont le siège social se trouvait en Flandre puisse bénéficier de subsides francophones, décida purement et simplement d’interdire l’octroi des dits subsides. Cela ne nous empêcha pas de poursuivre notre route dans la bonne humeur et … de contribuer à la cohésion socio-culturelle à Kraainem.D’autres jeunes comme Stéphanie Degrave, Alberto Urdiain, Catherine Biren, « Coyote » Legrain, Béatrice Noël, Begoña Urdiain et Fabienne Leroy vinrent renforcer nos effectifs… Des « un peu moins jeunes » comme Jean-Paul Legrain, Michel Dollinger et Fabienne Holsbeeks suivirent leur exemple. L’intergénérationnel est encore aujourd’hui très important au sein de notre compagnie.Le Théâtre des Parenthèses pétillait et « s’expatriait » de plus en plus. Outre la France, nous avons joué nos pièces à Wezembeek-Oppem, Rhode-Saint-Genèse et Bruxelles.« Interdit au public », « Bichon », « Quand épousez-vous ma femme ? », la reprise de « Bossemans et Coppenolle », « Un fil à la Patte », « Une Clef pour Deux », « Chat en Poche », « Folle Amanda », « Potiche » et « Le Saut du Lit » complétèrent la longue liste de nos succès…« Bichon », « Chat en Poche », « Bossemans et Coppenolle » , « Interdit au Public » et « Potiche » remportèrent autant de succès à Saint-Trojan les Bains à l’occasion du weekend de l’Ascension. Années 2000 Nathalie Beniest, Eric Wils, Philippe Salien , Marie Simons, Dorine Michelet, Isabelle Degrave, Joëlle Debue, Nathalie Lempereur, Michelle Schellings et Thierry Van de Plas vinrent grossir nos rangs…La vétusté de la salle PAT, nous contraignit à trouver une nouvelle salle. Ceci nous amena à jouer une année à Joli-bois à Woluwe-Saint-Pierre, puis à la Salle Marcelis à Wezembeek-Oppem.Nous y avons été accueillis à bras ouverts et nous profitons de l’occasion pour remercier l’administration communale de Wezembeek-Oppem.Nous insisterons pendant de n ombreuses années et différentes législatures pour qu’une salle de spectacle digne de ce nom soit construite à Kraainem. Patience ! Années 2010 Durant cette nouvelle décennie qui nous mènera à notre 50ème anniversaire, nous produirons « La Soupière », « Espèces Menacées », « Délit de Fuites », « Sexe et Jalousie » et « Les Belles-Sœurs ». Le public est toujours présent et commence à se renouveler graduellement. Nous voyons arriver plus de jeunes à nos représentations, plus de résidents internationaux aussi. Depuis 2014 nous jouons également pour l’EODEC-TOGO. Une association de dentistes qui s’investit dans un projet formidable au Togo. En 2017, « Le Tombeur », en 2018, « Sans Cérémonie » et, en 2019, « Maman Pète les Plombs » clôturent cette décennie qui connut son apothéose avec le Gala du 50ème anniversaire du Théatre des Parenthèses, désormais « Royal » ! Détail remarquable : nous découvrons qu’en réalité, il n’y a en Belgique que moins d’une dizaine de compagnies théâtrales portant le titre Royal. A la fin de cette décennie nous avons également salué avec plaisir la venue de Joëlle Debue, Jacqueline Van Roy, Thierry Peclers et Vincent Mullender dans notre troupe. Années 2020 Si cette nouvelle décennie s’annonçait pleine de promesses, de nouveaux membres, François Thiry et le retour de Bernard Simons, la construction d’une salle polyvalente à Kraainem (rue du Patronage-1950 Kraainem) et un immense succès avec notre 51ème pièce « Une Famille Modèle », nous dûmes, hélas, vite déchanter.La pandémie de covid-19 et le décès de notre Président Jacques Van den Broecke nous plongèrent dans une profonde tristesse. Mais très vite, le Théâtre Royal des Parenthèses releva la tête et dès mars 2020, nous entamions en plein confinement les répétitions du « Mariage de Mademoiselle Beulemans » via… teams !Notre transition digitale était assumée et nous faisions preuve de résilience et surtout de notre indéfectible passion pour le théâtre. C’était aussi le signe de notre volonté d’assurer la pérennité de notre compagnie théâtrale. 2021 sera l’année « Jacques Van den Broecke ». C’est en hommage à son immense talent que nous produirons « Le Mariage de Mademoiselle Beulemans » à Kraainem et à Oléron.Jacques Dehasse, Albert Meerschaut et Benoit Friederich viendront rejoindre notre troupe à cette occasion.Après ces deux années de « Covid », nous avions enfin le plaisir d’inaugurer l’espace Agora et plus particulièrement la salle « Marcel Thiry » avec la production de la célèbre pièce « Le Mariage de Mademoiselle Beulemans ». Pas moins de 1448 spectateurs sont venus nous applaudir !En 2022, nous changeons de registre en produisant « La Maison du Lac » (« On Golden Pond » d’Ernest Thompson). Il s’agit d’une comédie dramatique (jouée à l’écran par Henri et Jane Fonda). Rire et émotion. Un grand succès et l’arrivée de jeunes talents dans la troupe avec Jules Chanekune et Charles Lebrun (encore à l’école). Adrien de La Grandville fait aussi son entrée dans la compagnie cette année-là. 1280 spectateurs ont été ravis de notre prestation et nous pouvions après ces deux années de Covid renouer avec la tradition en jouant pour le Rotary Wezembeek-Oppem-Kraainem et l’ADA (Aide au développement de l’Afrique).« Les Hommes préfèrent mentir » en 2023 donnera l’occasion à Julie Lemmens de nous rejoindre.En 2024, nous nous produirons en mai à Oléron et en novembre à Kraainem avec la reprise de « De Doux dingues » en replongeant dans le Paris des années 70. Une très belle mise en scène de Vinciane Defays. Un très jeune acteur fait alors son entrée dans la troupe : Benjamin Coppens.Ces dix dernières années ont également été l’occasion d’évoluer tant au niveau audiovisuel que des décors. Sous la houlette du très ingénieux Vincent Mullender, les décors sont de plus en plus travaillés. Des partenaires professionnels nous prêtent du matériel et nous les en remercions.Et… en 2025, c’est à un monument de la littérature que nous nous attaquons avec « Mort sur le Nil » de Lady Agatha Christie. Le challenge est majeur. Tout est spectaculaire dans cette pièce que nous jouerons 10 fois durant la seconde quinzaine d’octobre (réservations dès le 16 juin, à vos agendas).A l’occasion de cette production, nous saluons l’arrivée dans notre troupe de deux nouveaux acteurs talentueux : Charlotte Van den Borght et Tanguy Piers de Raveschoot.Souhaitons que notre histoire continue à s’écrire pour votre plus grand bonheur, et le nôtre. Interviews Journal de l'ABCD - Décembre 2013 Interview de Marcel Thiry la cheville ouvrière du Théâtre des Parenthèses de Kraainem[ABCD] Si nous savons déjà où et quand s’est créée la troupe, pouvez-vous nous éclairer sur le choix du nom?[Marcel Thiry] Comme le groupe théâtral émanait des parents, c’était la « Thèse des Parents » qui est donc devenue tout naturellement « Le Théâtre des Parenthèses ». Très vite, j’ai pris contact avec la Fédération Nationale dont le secrétariat était à l’époque géré par Madame Godefroid. J’y ai côtoyé Raymond Rousseau qui s’occupait de la « Régionale Brabançonne », l’ancêtre de l’ABCD. Avec beaucoup d’intrépidité, j’ai inscrit notre jeune troupe au « Concours Provincial » où nous avons essuyé une volée de bois vert… mais nous avons progressé, gravi lentement les échelons de la « deuxième division » à l’excellence avec félicitations du jury. Nous avons donc emboité le pas de l’ABCD. tout allait donc pour le mieux jusqu’à l’affaire Tobback!… [A suivre] Un grand moment de théâtre à Saint Trojan Nous avons assisté à un évènement ce vendredi 27 mai, alors que Saint Trojan recevait, comme chaque année à la même époque, les membres du comité de jumelage de la ville belge de Kraainem.Selon la coutume, ces deux institutions de Kraainem que sont la troupe du Théâtre royal (depuis 2019) des Parenthèses et le Cercle des arts participent alternativement à ces rencontres saint-trojannaises, les années paires pour l’un, impaires pour l’autre. Cette année était celle de la troupe du théâtre, qui s’y préparait avec d’autant plus de ferveur que la tournée de jumelage de 2020 avait dû être annulée en raison de la crise sanitaire.La troupe avait pourtant commencé à préparer ce qui devait constituer sa 52ème pièce, intitulée « Le mariage de Mademoiselle Beulemans ». Elle persista néanmoins à répéter « en distanciel » pendant le confinement et se sentit encore plus motivée dans la poursuite courageuse de ses efforts qu’elle résolut de surmonter ainsi la tristesse de la disparition, à la fin de l’année 2022, de son truculent Directeur, Jacques Van den Broecke.C’est dans le tragique de l’adversité que se révèlent les grandes destinées et qu’aux âmes bien nées vient le courage de faire jaillir le comique qui reste le sel de la vie.Assurément, la mise en scène du « Mariage de Mademoiselle Beulemans » en a magistralement administré la preuve.Cette pièce en trois actes de Frantz Fonson et Fernand Wickler, dont la première représentation à Bruxelles remonte à 1910 et qui influença Marcel Pagnol, est non seulement un joyau du théâtre de boulevard, avec ses quiproquos, ses amours contrariées, ses embrouilles familiales, ses soubrettes à la langue bien pendue, ses retournements et ses happy ends, c’est aussi une plongée dans le monde des notables bruxellois de la Belle époque, imbus de leur importance mais dont l’humanité transparait avec ses faiblesses et ses grandeurs, le tout distillé non sans une forme d’autodérision où l’humour parfois corrosif cède en réalité devant la gentillesse, au rythme de l’accent de la « Zwanze » (le « bien parlé » bruxellois dont le charme savoureux n’a d’égal, cela va de soi, que celui du patois saintongeais).« Distillé » est le mot qui convient car c’est d’abord une histoire de brasseurs, Beulemans et Meulemeester (merci de prononcer avec l’accent), qui s’entendent pour faire leurs affaires en arrangeant le mariage de leurs enfants. Sauf que la fille du premier « a un boentje » (comprenez « en pince « ) pour un français venu apprendre le métier (lui au moins parle français) et que le fils du second… a une connaissance dont il reste amoureux au fond de lui et à laquelle, de surcroit, il a fait un petit garçon qui a de jolies « krolles » (des boucles) dans les cheveux.Et la magie du théâtre de nous plonger sans transition dans cette atmosphère typiquement et délicieusement bruxelloise qui nous fait tout soudain oublier que nous sommes en France dans la salle polyvalente de Saint Trojan.La magie du théâtre et surtout le talent des acteurs, qui se disent amateurs avec une modestie que trahit la maîtrise consommée de leur art et certainement aussi le plaisir gourmand de brûler les planches pour nous régaler d’un spectacle drôle et chaleureux.Que dire en effet de Suzane Beulemans, Nathalie Beniest flamboyante du début à la fin dans son personnage de jeune fille toute dévouée à la cause paternelle et prête à accepter les convenances d’un mariage de raison mais qui, fine mouche, comprend peu à peu que les circonstances lui ouvrent des horizons dont elle saura habilement tirer le meilleur parti… car elle est de ces femmes auxquelles on ne peut rien refuser.Que dire du promis, Séraphin Meulemeester, Thierry Peclers totalement habité par la cocasserie inénarrable de ce fils de famille, successivement glorieux et penaud, écartelé entre le devoir et l’amour, toutefois plus bouffon à la façon de Molière que héros racinien, qui se laissera finalement convaincre de rester fidèle à ses premiers émois… et de libérer la place.Que dire des pères, Beulemans, et Meulemeester, tour à tour remarquables d’authenticité et de densité, Daniel Alexander, d’une part, tout en aisance et en rondeur avec ses manières débonnaires d’industriel opulent, colérique ce qu’il faut pour corriger l’honnête homme, et Sam van de Kerckhof, d’autre part, corseté dans sa dignité de négociant arrivé, âpre et prompt à l’emportement quand il y va de son honneur, pense-t-il, mais tout de même rejoint par le passé de ses propres errements.Sans parler de Madame Beulemans, Michelle Schellings, parfaite d’élégance et de maintien dans l’expression de ses attributs de maîtresse femme comme de mère attentionnée ainsi que de ses attributions de maîtresse d’intérieur comme d’épouse vigilante.Ni de sa domestique Isabelle, Joëlle Debue, dont la composition désopilante dissimule derrière une pittoresque caricature de servante son rôle de deus ex machina puisque c’est elle qui, au terme d’une tirade entrecoupée de sanglots (feints ?), fera (naïvement ?) la lumière sur les petits secrets de famille.Ni des honorables membres de la puissante Société Royale des Brasseurs, tous campés dans leur lourdeur compassée par des acteurs s’employant à merveille, chacun avec son style, pour illustrer la suffisance ampoulée et empourprée des uns, la déférence solennelle et rubiconde des autres, la pépie de tous quand les bières sont servies.Et comment ne pas finir sur les deux figures non belges mais non moins attachantes, celle d’Albert Delpierre, amoureux pudique et respectueux mais dont la flamme dévoile le poète passionné, venu de Paris pour faire son apprentissage et la connaissance de sa future aimée, incarné avec une retenue qui tient du brio par Bernard Simons, et celle de son père, auquel Eric Wils prête la crédibilité de son allure altière et bienveillante.Du grand théâtre magnifiquement interprété dans des costumes d’époque et des décors directement apportés pour l’occasion de Kraainem.Au fait, cet esprit jovialement moqueur qui traverse « Le mariage de Mademoiselle Beulemans » ne fait-il pas écho à ce tempérament charentais volontiers facétieux qui fleurit avec un bonheur particulier en notre belle île ? O l’é tou pas à cause que nos emits belges de Kraainem se r’trouvant tant beunaize cheut nou z’aut’ oléronais de Saint Trojan ?Guy Martinet, Saint-trojannais d’adoption